Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/57

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Le beau caractère de Guillaume, archevêque de Tyr, dans Mathilde ; celui de M. Prior, dans Malvina ; du missionnaire, dans Élisabeth, la peinture des vertus solitaires de l’ermite du désert, encore dans Mathilde, sont des créations d’un esprit profondément pénétré des plus nobles sentimens de la religion. Le talent de madame Cottin a quelque chose d’auguste et de solennel ; la marche de sa phrase est plus aisée, l’effet en est plus certain. Le ciel, docile à sa voix, semble porter dans les cœurs qu’elle vient de livrer au ravage des passions, le calme et la sérénité ; c’est à l’aide des sentimens religieux qu’elle réconcilie la vertu avec elle-même, qu’elle met un frein aux emportemens de l’amour, et qu’elle endort les orages du cœur. Habile à mettre l’amour aux prises avec la religion, qui mieux qu’elle a su peindre la lutte de ce que la nature a de plus fort, avec ce que le ciel a de plus sacré ? Combattue entre la foi donnée au cloître et la promesse faite à l’amour, c’est Mathilde qui se débat dans les liens d’un double engagement. Qu’il est vrai, qu’il est naturel, ce combat du cœur contre le cœur, du devoir contre le sentiment, du culte du vrai Dieu