Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/70

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manière de se supposer des talens, que d’annoncer que l’on excite dans autrui ce sentiment pénible. Cela est si incroyablement ridicule que, prouver à quelqu’un qu’il ne peut pas exciter l’envie, c’est faire une satire amère. Il y a certainement une sorte de mérite à composer certains ouvrages, à raconter des histoires, à dialoguer la morale, à esquisser quelques tableaux de mœurs ; mais cela ne peut exciter l’envie que de ceux qu’on n’enviera pas. Toute censure admet presque toujours deux opinions. Il faut beaucoup de force pour détrôner celle qui règne, beaucoup d’artifice pour enlever les admirateurs, sans leur faire apercevoir qu’ils passent d’une erreur, qui était leur ouvrage, à une meilleure manière de voir, qui est l’ouvrage du censeur. C’est un secret que madame de Genlis n’a jamais rencontré, malgré qu’elle ait essayé de l’introduire dans la plupart de ses ouvrages. Un individu qui n’est pas au timon des affaires ne peut jamais faire beaucoup de mal à beaucoup de personnes. S’adonnât-on au passe-temps de nuire, il ne peut jamais s’exercer que sur le petit nombre. D’où vient donc que certaines personnes ont