Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/71

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tant d’ennemis ? Le succès irrite la multitude, et l’on ne veut louer que les malheureux. Il est vrai aussi que ce qu’on appelle des ennemis est une plaisante espèce de gens. Ils disent du mal, mais sans effet. Pour que du mal en produise, il faut avoir de l’influence, il faut être reconnu homme d’un jugement sain et d’un esprit éclairé ; pour s’être acquis cette réputation, il faut ce que n’ont point ceux qui disent du mal.

Il semble que madame de Genlis ait pris à cœur de justifier les vers malins que ses inconcevables prétentions ont plus d’une fois inspirés à l’un de nos poëtes les plus distingués de ces derniers temps.


Non loin de ces frélons nourris dans l’art de nuire,
Et corrompant le miel qu’ils n’ont pas su produire,
J’aperçois le phénix des femmes beaux-esprits.
Son libraire lui seul connaît tous les écrits
Dont madame Honesta daigne enrichir la France :
Vous n’y trouverez point cette heureuse élégance,
Cet esprit délicat, dont les traits ingénus
Brillaient dans Sévigné, La Fayette et Caylus :
C’est un lourd pédantisme, un ton sévère et triste,
C’est Philaminte encore, mais un peu janséniste.
De la France avec moi le bon goût avait fui,