Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/76

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Une femme se serait bien gardée, du temps de Molière, d’écrire autre chose que des romans ; encore ce genre de composition, tout modeste qu’il était alors, ne la mettait-il pas toujours à l’abri des traits malins de la satire, ou du moins du ridicule. Ce n’était qu’en tremblant, et presque sans l’avouer, que madame de la Suzes permettait au papier de recevoir les ingénieuses fictions de son esprit : son siècle ne lui eût point pardonné d’afficher les prétentions d’une femme auteur. Par quels ridicules mademoiselle de Scudéry n’expia-t-elle pas le tort, si grave de son temps, de nos jours si léger, d’avoir fait bâiller tout son siècle, à la lecture de ses interminables romans ? Ses lecteurs lui auraient fait grâce de l’ennui qu’elle leur avait causé, si plus modeste, elle leur eût fait grâce de ses prétentions. Madame de la Fayette laissait à Segrais le soin d’avouer ss écrits, ne gardant pour elle que le plaisir de les avoir composés. Madame de Sévigné était loin de prévoir que ses lettres, qui font aujourd’hui notre admiration et nos délices, pouvaient avoir d’autre mérite que celui de plaire aux personnes auxquelles elles étaient adressées. Madame du Tencin ne songea à