Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/75

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pée, elle avait l’air de se croire seule au milieu d’une société nombreuse ; elle vivait avec elle-même, quand elle ne vivait pas pour les autres : si elle se trouvait avec quelques amis, si l’entretien lui offrait de l’intérêt, elle s’animait, parlait avec force, et portait dans tous ses discours cette éloquence du cœur, cette sensibilité vraie, qui respirent dans tous ses écrits.

Profondément religieuse, elle l’était avec une tendresse, un abandon, qui lui étaient propres : son âme tenait au ciel comme à sa patrie ; à Dieu comme à son père, au Christ comme à son modèle et à son sauveur. Liée d’amitié avec feu M. Mestrésat, pasteur du Saint Évangile, elle avait douloureusement ressenti sa perte ; et, comme si elle eût prévu qu’elle devait le suivre de près, elle manifesta le desir d’être ensevelie à ses côtés quand elle ne serait plus. Heureuse la place où ces deux êtres reposent ! ils n’ont laissé en mourant que des souvenirs doux et précieux ; ils n’ont emporté que des espérances consolantes et glorieuses. Lorsqu’en partant pour l’éternité on peut jeter sans crainte ses regards en arrière et au-devant de soi, la route n’est ni difficile ni cruelle ; les regrets et les larmes sont pour ceux qui restent.