Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/8

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console point ceux qui pleurent, il prouve combien leurs larmes sont légitimes ; et si l’on respecte une douleur dont on connaît toute la justice, on la partage : et tel est le bel apanage de la vertu, qu’elle est regrettée même par ceux qui ne connaissaient d’elle que son nom.

Montesquieu, Montaigne et Raynal avaient eu pour patrie le pays qui vit naître madame Cottin. Après avoir donné le jour à ces trois grands hommes, il était encore réservé à l’Aquitaine de mettre au nombre des personnages qui devaient faire sa gloire, Sophie Restaud, qui s’est rendue, depuis, justement célèbre sous le nom de madame Cottin. Ce nom qui, depuis un siècle, était devenu en France synonyme de mauvais écrivain, reçut de madame Cottin un autre genre de célébrité. On oublia dès lors qu’un pauvre petit abbé du dix-septième siècle avait rendu ce nom ridicule, pour ne penser qu’à l’illustration que devait lui donner l’auteur de Claire d’Albe, d’Amélie de Mansfield, de Malvina, de Mathilde et d’Élisabeth.

Née à Tonneins, en 1773, madame Cottin avait été élevée à Bordeaux. Sa mère fut son institutrice. Ce fut de cette excellente mère