Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/80

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qu’au travers d’un nuage de pleurs qu’il voit cette intéressante victime succomber au remords d’avoir cessé de mériter sa propre estime.

Élisabeth venant à pied, à travers les frimas, des extrémités de le Sibérie, à Moscou, demander à l’empereur la grâce de son père innocent, nous inspire un autre genre d’intérêt. C’est la piété filiale aux prises avec les rigueurs d’une température inflexible, inexorable. Ce n’est qu’en frémissant que nous voyons s’avancer, des extrémités du pôle, au travers des glaces entassées, au milieu des convulsions de la nature, cette jeune fille soutenue seulement, au milieu de tant d’obstacles conspirés contre elle, par l’espoir d’enlever son vieux père à la terre de l’exil. Rien ne l’arrête, ni les fleuves débordés, ni l’épouvantable fracas des glaçons, qui, poussés par la tempête les uns contre les autres, se brisent en se heurtent, et couvrent de leurs vastes débris les flots courroucés ; ni le froid linceul de neige dont elle marche enveloppée, ni les feux de la tempête qui se croisent sur sa tête, ni les profonds ravins creusés sous ses pas, ni les bêtes féroces qui, par de longs rugissemens, semblent répondre aux cris de la