Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/81

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tempête ; ni la froide obscurité qui la couvre de son manteau pesant, ni la mort enfin, qui semble seule vivante au milieu de ce deuil universel de la nature.

C’est dans cet ouvrage surtout que le pinceau de madame Cottin est ferme et vigoureux ; les touches sont hardies et pleines d’effet ; elle peint à grands traits ce spectacle imposant. Les richesses de la poésie sont habilement transportées dans sa prose ; de grandes images sont grandement exprimées ; une teinte triste et religieuse jette sur ce vaste tableau un jour sombre et terrible : le lecteur est transporté aux lieux que peint l’auteur ; il les parcourt avec l’intéressante Élisabeth ; avec elle, il entend rugir, sous un ciel de glace, les douleurs de la nature en travail ; partout éclate autour de lui la conspiration des élémens conjurés : la terre n’a pour tout vêtement qu’un vaste manteau de glace ; le ciel ne se montre plus à elle qu’à la lueur des éclairs ; l’océan, captif sous une voûte de glace, s’épuise en vains rugissemens pour rompre le frein qui le tient enchaîné. Élisabeth l’entend gronder sous ses pas, tandis que la foudre gronde sur sa tête. Seule, au milieu des convulsions de la nature, elle porte