Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/91

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du ciel et de la terre n’avaient point eu de secret ; qui avait parlé avec une égale perfection la langue de toutes les passions, comme il avait parlé tous les dialectes de la Grèce ; qui avait souvent élevé les héros à la hauteur des dieux, et qui, souvent encore, avait ravalé les dieux au-dessous des hommes : génie incomparable, qui, semblable au Jupiter qu’il s’était plu à créer, tenait le monde intellectuel suspendu au bout d’une chaîne d’or.

Une imagination enveloppée de nuages peuplés d’ombres errantes, a quelque chose de monotone : le génie de la mort, assis sur la pierre froide et solitaire, ne présente qu’une image sombre et lugubre ; le barde qui, debout sur le front du rocher, entonne l’hymne du combat, ne redit jamais que les mêmes chants ; au-dessus du sombre brouillard qu’habite l’ombre de leurs pères, il n’y a plus rien pour eux : le soleil n’est qu’un flambeau lumineux suspendu à la voûte des airs ; la lune ne jette ses rayons silencieux sur la forêt, que pour éclairer les pas solitaires d’un chasseur qu’elle ne peut aimer ; on n’entend que la voix plaintive du héros qui, du haut des nuages, demande des chants à la harpe d’Ossian ; que la voix du tor-