Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rent qui descend en grondant du front de la montagne ; les sombres clameurs de la forêt que la tempête bat à grand bruit de ses ailes déployées ; l’amante qui redemande à la nuit l’ombre de son amant ; l’amant qui appelle son amante ; et, dans le lointain, le monotone aboiement du chien qui a perdu les traces du chasseur. Ajoutez à ce petit nombre d’images la description, toujours la même, de quelques combats, et vous avez tout Ossian.

Ce n’était donc point une admiration exclusive que lui avait vouée madame Cottin ; mais elle aimait à retrouver en lui le peintre d’une nature que l’antiquité n’avait point connue. Ennemie de ces violens accès d’inspiration auxquels se préparent nos beaux-esprits par les longues abstinences du sens commun, les jeûnes fréquens de la raison, et les constantes privations des règles de la grammaire, elle n’aimait dans les autres que ce qu’elle s’étonnait de retrouver en elle, des conceptions simples et naturelles, une expression qui n’avait rien d’affecté, des images teintes des couleurs du sujet, des pensées nées du sein même des choses.

Ce serait mal connaître le caractère de son talent et la tournure de son esprit, que de la