Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 2.djvu/16

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milles de Killinen ; son extérieur gothique, les hautes montagnes couvertes de neige qui le dominaient, et l’immense lac de Tay qui baignait ses murs, rendaient son aspect aussi imposant que sauvage. Cependant Malvina voyait avec une sorte d’intérêt cette antique Calédonie, patrie des Bardes, et qui brille encore de l’éclat du nom d’Ossian. Nourrie de cette lecture, il lui semblait voir la forme de son amie à travers les vapeurs qui l’entouraient : le vent sifflait-il dans la bruyère, c’était son ombre qui s’avançait ; écoutait-elle le bruit lointain d’un torrent, elle croyait distinguer les gémissemens de sa bien-aimée ; son imagination malade était remplie des mêmes fantômes dont ce pays était peuplé jadis ; son nom même, ce nom porté jadis par la fille d’Ossian, lui semblait un nouveau droit aux prodiges qu’elle espérait. Ce n’est pas cependant qu’on pût reprocher à Malvina d’avoir une de ces têtes ardentes et exaltées, amies du merveilleux, qui le cherchent sans cesse, et se perdent souvent à sa poursuite ; mélancolique et