Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 2.djvu/9

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l’état de celui qui en est atteint ressemble si peu à ce que les autres lui en disent, qu’il ne comprend même plus la langue qu’on lui parle. Malvina de Sorcy était Française : veuve, à vingt-un ans, d’un homme qu’elle n’avait point aimé, le premier usage qu’elle fit de son indépendance fut de quitter sa patrie et d’aller se réunir à une amie qu’elle aimait avec excès, et qui était mariée en Angleterre. Durant trois ans elles vécurent ensemble, et durant trois ans, le charme qu’elles trouvèrent dans leur amitié fut tel, que plus d’une fois il fit oublier à milady Shéridan les chagrins que la conduite dépravée de son mari lui donnait, et à Malvina l’impossibilité de rentrer dans sa patrie après un si long séjour en Angleterre. Quelques amis lui rappelèrent pourtant qu’il fallait choisir entre son amie ou la fortune qu’elle avait en France : elle n’hésita point ; et ce sacrifice fut si loin d’être un effort, que, si milady Sheridan n’avait pas cru devoir lui en montrer toute l’étendue, jamais Malvina n’aurait cru en avoir fait un. Mais,