Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 2.djvu/10

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dès lors, n’ayant pour toute fortune que les fonds qu’elle avait apportés, et qui, placés chez un banquier, lui formaient un assez médiocre revenu, elle renonça aux parures comme aux amusemens de son âge, et ne vécut plus que pour le plaisir de voir et d’aimer son amie.

En la perdant, elle ne songea point qu’elle allait se trouver, sur une terre étrangère, isolée, sans amis et sans parens ; il lui était indifférent d’être là ou ailleurs ; et son malheur lui semblait si grand, qu’il n’était au pouvoir d’aucune circonstance étrangère de l’adoucir ni même de l’aggraver.

En mourant, milady Sheridan avait obtenu de son époux que leur fille, âgée de cinq ans, serait remise entre les mains de Malvina, et qu’elle seule dirigerait son éducation. Il y avait consenti, non par égard pour sa femme, mais pour se soustraire à un devoir qui aurait pu gêner, par momens, son goût effréné pour le jeu et le plaisir. Il était bien aise de pouvoir assembler chez lui ses bruyans compagnons de