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souvent, malheureusement, sans fierté, habituée qu’elle était à courber l’échine devant le maître qui lui servait sa maigre pitance. »[1]

C’est bien vrai, mais peut-il en être autrement ? Le salaire est au moins assuré ; c’est beaucoup, pour une famille qui ne peut que difficilement compter sur la terre, car les produits de la ferme ne viennent, ni si tôt, ni si vite, et ne rapportent pas si sûrement. Et puis, n’oublions pas que le goût et l’habitude de la vie du bûcheron ne peuvent manquer de faire tomber l’arbre du côté qu’il penche.


IV

Conclusion

Ce qui importe donc à l’heure actuelle, c’est une réforme radicale de notre agriculture. Il faut prêcher l’abandon des méthodes extensives qui demandent de larges espaces et beaucoup de main d’œuvre, pour leur substituer les méthodes intensives. Tout le monde y gagnera.

Mais c’est une révolution que vous proposez ? Non pas, mais simplement une évolution qui nous parait relativement facile dans les circonstances présentes.

D’abord il n’est pas nécessaire de faire vite, pressés que nous pourrions être d’enrayer une émigration en masse. Il n’y en aura pas de sitôt comme dans le passé. De nouveaux débouchés se font en ce moment pour le surplus de la population. Les chemins de fer qui se construisent vont absorber la masse des colons qui va s’abattre sur les belles terres qui s’ouvrent.

Le plus considérable, le Grand Tronc Pacifique, nous arrive de l’Ouest par l’Abbitibi et le St-Maurice. Il y a là, dit-on, une immense étendue de terre des plus fertiles. Rendu à Québec il franchit le Saint-Laurent, s’élève sur les hauteurs de Lévis, jusqu’au milieu des comtés de Dorchester et de Bellechasse, et de là, à peu près à mi-chemin entre le fleuve et la frontière, se dirige vers les provinces maritimes, traversant une région, montagneuse il est vrai, mais bordée de belles paroisses agricoles privées jusqu’à ce jour de communications faciles.

  1. Le « Nationaliste », 18 oct. 1908.