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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/270

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

quels ne participent que des régiments de grenadiers et de chasseurs. Donc, il n’y a pas lieu de s’alarmer pour le moment…

Et, pris d’une petite impatience devant ce chagrin qui se plaisait à son amertume et ne voulait pas être consolé :

— Voyons, maman, soyez un peu raisonnable… Hippolyte n’est pas un fils unique, après tout. Songez donc aux Van Hulst. Ils n’ont qu’un seul enfant et la guerre le leur a pris. En voilà qui sont vraiment à plaindre !…

Tout le monde renchérissait. Oh oui que le sort de ces pauvres gens était encore plus affreux. Pouvait-on s’imaginer les alarmes et les angoisses dans lesquelles ils vivaient depuis le mois d’août ? Ah, le supplice de ceux-là n’avait pas de nom !

Mais nulle comparaison avec celui des autres ne parvenait à adoucir le chagrin de Mme Platbrood. Certes, elle accordait quelques soupirs à toutes ses compagnes d’infortune, mais pour se renfoncer bien vite dans sa propre souffrance, sans souci de contrister les siens qu’elle oubliait presque pour ne songer qu’à ce « petit dernier », enfant privilégié que le cœur des mères chérit si souvent d’un amour plus exclusif, faisant parfois mentir le beau vers :

Chacun en a sa part et tous l’ont tout entier.