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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

contraint par ses fonctions de secrétaire de quitter Anvers et de s’établir provisoirement en Hollande avec sa famille, Thérèse devait s’occuper du soldat et veiller à ce qu’il ne manquât de rien. Dieu sait combien de lettres et de petits paquets elle lui avait déjà envoyés, la bonne créature !

— Oh oui, s’écria Adolphine, alors elle peut rester là-bas autant qu’elle veut, savez-vous !

Et, d’un bond joyeux, elle courut auprès de Mme Platbrood qui, absente de tous ces propos, la figure triste, recueillie, avec parfois un frémissement qui courait sur les ailes du nez, et, ses grosses lèvres projetées en avant dans une moue, tricotait silencieusement des mitaines au coin de la cheminée.

— Tu vois, maman, dit-elle en l’entourant de ses bras, tu vois qu’Hippolyte est un « petit gateie » et qu’il ne doit pas être si malheureux !

Mais la pauvre femme secouait la tête :

— Pourquoi est-ce qu’il y a si longtemps qu’il n’a plus écrit ?

Alors, dans le silence affligé, Joseph protesta :

— Allons, allons, maman, vous savez bien que les lettres passent très difficilement. Et puis, sa dernière carte était tout à fait rassurante. Il se reposait à Duffel et laissait entendre que le 9e de ligne serait désormais ménagé. Toute cette région est encore relativement très calme. L’ennemi semble renoncer à l’attaque d’Anvers… C’est dans le Brabant et le Hainaut que se livrent tous les combats et escarmouches aux-