Aller au contenu

Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
54
LE ROMAN D’HIPPOLYTE

— Mais j’y pense, la charge est un peu lourde. Si je les envoyais chez vous cet après-midi ?

Elle répondit avec quelque vivacité :

— Non, c’est inutile. D’ailleurs, rien ne presse. J’emporterai vos cahiers moi-même demain ou un autre jour.

Cependant, la salle s’était vidée ; ils restaient les derniers. Alors, comme elle achevait de se ganter, elle lui tendit la main d’un geste dégagé et franc de bonne camarade :

— Je vous remercie, Monsieur. Au revoir !

Par la porte ouverte, il la vit s’éloigner puis disparaître au détour du couloir. Et il demeurait cloué à sa place, légèrement ahuri, comme au sortir d’un rêve.

Cette fois, il l’avait bien regardée : son image restait profondément gravée en lui. Il avait remarqué sa bouche un peu grande aux lèvres charnues, ses dents courtes, très séparées, nullement jolies mais soignées. Il convenait que ces imperfections ne nuisaient d’aucune manière à l’ensemble esthétique d’un visage qui avait assez d’autres attraits souverains pour charmer et retenir l’attention : des yeux magnifiques d’une profondeur admirable, un nez impérieux perpendiculaire au front comme chez les déesses, des oreilles d’un dessin exquis, tout cela encadré dans de superbes bandeaux couleur de jais.