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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Et puis, l’expression habituelle de la physionomie, loin de montrer aucune fierté dédaigneuse, semblait au contraire tempérée de bienveillance et de douceur avec un je ne sais quoi de voluptueux. Il avait également observé sa robe simple, bien faite, et qui laissait deviner une gorge de statue et de beaux flancs.

Soudain, il dut interrompre son rêve : une horde de jacassantes nettoyeuses, bras nus, cottes retroussées, envahissaient la salle, déchaînant un déluge que leurs torchons et leurs brosses s’appliquaient à maîtriser avec une sorte de rage sacrée. Il s’enfuit.

Cependant, depuis un quart d’heure, Lauwers attendait son ami au pied de la statue de Théodore Verhaegen.

— Hé, s’écria-t-il en riant, ce n’est vraiment pas malheureux ! Je finissais par croire que :

Vous en étiez sur un point, sur un point…
C’est dire assez de ne le dire point !

Très intrigué, il voulait savoir, multipliait les questions :

— Alors, elle n’est pas muette ? Quelle langue parle-t-elle ? Hein, c’est une Slave ? Qu’est-ce donc qu’elle te veut ?

Hippolyte s’étonnait de ne pas se sentir expansif aujourd’hui ; il n’avait aucune envie d’être bavard et trouvait que Lauwers manquait de discrétion. En tout cas, sa présence ne lui procurait aucun plaisir et il eût été enchanté qu’on le laissât retourner seul rue des Chartreux.