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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/58

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Il répondit simplement avec la ferme intention de ne faire aucune confidence :

— Elle parle le français très correctement et sans le moindre accent. Impossible de déterminer sa nationalité.

— Mais l’objet de ce doux entretien ?

— Oh, peu de chose. Une demande de cahiers afin de compléter le « précis » des leçons qu’elle a manquées pendant cette dernière quinzaine.

— Quelle excellente amorce ! goguenarda le jeune homme. Inutile de dire que tu as mis tes « copy books » à ses pieds !

— Je l’avoue, répondit Hippolyte un peu agacé du ton de son ami. C’est un service banal et qu’il faut se rendre entre condisciples.

Cette fois, le visage pétulant de Lauwers se revêtit de gravité :

— Je ne voudrais pas, dit-il avec plus de sincérité que d’ironie, jouer « l’honnête » Iago et jeter d’infâmes soupçons dans ton âme candide. Je ne connais rien de cette fille, de cette belle fille si tu veux… Et pourtant, je la redoute. Elle me déplaît par tout ce qu’il y a de secret, de bizarre, de louche dans sa personne et ses allures. Son charme est celui d’une aventurière. Tiens-toi sur tes gardes ! Sois circonspect, voire circonspectissime !

— Tu parles comme une barbe blanche, railla doucement Hippolyte. Te voilà devenu subitement plus sage que Nestor, agorète des Pyliens !