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Page:Courouble - Le roman d'Hippolyte (La famille Kaekebroeck), 1927.djvu/70

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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

Quelles dents aussi ! Elles faisaient des éclairs quand elle parlait. Une grâce pleine d’espièglerie émanait de cette gentille pensionnaire.

Alors, le jeune homme se passa la main sur le front comme pour chasser l’image obsédante ; sa figure grave se détendit, s’éclaira d’un sourire ;

— Excusez-moi, Mademoiselle, implora-t-il ; c’est vrai, je vous pose des questions bêtes… Je manque d’imagination ce soir quand je devrais au contraire…

Il n’osa achever, sentant qu’il glissait sur la pente du fade compliment.

— Oui, poursuivit-il, je suis ou du moins j’étais tourmenté, j’avais des… Voyons, comment dites-vous ça en anglais ? C’est très joli en anglais…

Spleen, black thoughts, low spirits…

— Voilà… Un peu de tout ça en même temps…

— Vous êtes pour les mélanges ?

Elle le regardait d’un petit air entendu où il y avait d’ailleurs assez de malice pour qu’il se tînt sur ses gardes.

— Ne vous inquiétez pas, reprit-elle, c’est probablement à cause de l’examen. Oh, je connais ça : j’ai éprouvé la même chose à la veille des compositions…

Elle prononçait « chaose » comme une Anglaise, sans le savoir, et c’était fort agréable.

— Oh non, fit-il avec une sincérité imprudente, l’examen ne me préoccupe pas plus qu’il n’inquiète, je suppose, l’insouciant Michel. Non,