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LE ROMAN D’HIPPOLYTE

jour du départ, il l’attendit en vain sur le quai. Oh, elle avait donc oublié sa promesse ?

Le train était déjà sorti de la gare que le jeune homme se penchait encore à la fenêtre du wagon pour guetter son amie. Enfin, il dut se résigner à reprendre sa place dans la voiture, heureusement déserte. Au milieu de sa détresse, il se félicitait d’être privé de compagnons importuns, quand à la hauteur de Forest, une femme parut dans le couloir, à la portière du compartiment.

D’un geste fébrile, elle s’occupait à dénouer les voiles qui lui enveloppaient la tête. Brusquement, son visage se découvrit. Hippolyte eut un sursaut :

— Toi !

Elle était dans ses bras :

— Je suis libre ! s’écria-t-elle, libre pour vingt-quatre heures !

Est-ce qu’il rêvait ? L’aventure le remplissait d’une telle surprise qu’il en oubliait d’être heureux.

— Mais oui, dit-elle en se pelotonnant contre lui, je t’accompagne à Paris… Tu ne veux pas ?

Ses traits pâlis et tirés, ses yeux, meurtris par une nuit d’insomnie et de fièvre, donnaient à toute sa figure une expression de langueur ardente d’une séduction irrésistible.

— Tu ne comprends donc pas ? fit-elle à voix basse en détournant la tête, comme avec un peu de gêne pudique.