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PAULINE PLATBROOD

c’était la jeunesse avec son teint de pulpe et ses grands yeux purs, dont aucune sensualité n’avivait encore le tranquille éclat. Elle se tenait très droite, pensive, la bouche entrouverte : ses bras admirables étaient gantés jusqu’aux coudes et sa main gauche, qui tenait un éventail de plumes, posait gracieusement sur le bourrelet de velours rouge.

Les jumelles se la disputaient : mais la naïve jeune fille ne se doutait point de cet hommage silencieux où minaudent et se gracieusent les coquettes, et son charme en était augmenté.

Adolphine, très animée à son ordinaire, les gestes brusques, insoucieux d’élégance, occupait le fauteuil de droite, vêtue d’un liberty mauve qui allait à merveille avec sa flambante chevelure. Toutefois la robe n’était pas ajustée : elle se ceinturait sous la gorge et tombait en plis amples et nombreux pour dissimuler avec à-propos une situation prospère.