Page:Couturat - Le principes des mathématiques, La Philosophie des mathématiques de Kant (1905) reprint 1980.djvu/269

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ce qui est la thèse des empiristes), et que les « concepts » de nombres se réduisent à des mots ou à des signes vides de sens.

Le raisonnement précédent répond à l’argument assez étrange contenu dans cette phrase ajoutée à la 2e édition de la Critique : « Que l’on doive ajouter 5 à 7, je l’ai sans doute pensé dans le concept d’une somme 7+5, mais non pas que cette somme soit égale au nombre 12 » (B. 16). Kuno Fischer a commenté ce passage d’une manière qui en constitue la meilleure réfutation : « 7+5, le sujet de la proposition, dit : Additionne les deux grandeurs ! Le prédicat 12 dit qu’elles sont additionnées. Le sujet est un problème, le prédicat est la solution. » C’est là une conception logique bien bizarre : où a-t-on jamais vu qu’un problème soit le sujet d’une proposition, et que sa solution en soit le prédicat ? Un problème est une proposition (interrogative ou problématique), et sa solution est une autre proposition (assertorique ou apodictique). D’ailleurs, comment passe-t-on des données d’un problème à la solution ? Ce ne peut être que par un acte d’intelligence, par un raisonnement, et non par une opération mécanique ou par une intuition. Mais c’est là une façon illégitime de dramatiser la question, car c’est faire intervenir des considérations psychologiques qui n’ont rien à faire ici. Peu importe qu’une proposition se présente à l’esprit comme un problème ou comme un théorème ; peu importe le temps qu’on met à la vérifier ou la manière dont on y parvient ; tout cela est affaire personnelle. D’abord, un membre d’une égalité mathématique ne peut pas être un problème ; c’est cette égalité tout entière qui est, ou un problème, ou une solution, au point de vue psychologique ; et, logiquement, c’est une vérité éternelle qui ne dépend pas des conditions dans lesquelles nous parvenons à sa connaissance. Mais ce qu’il y [