Page:Couturat - Le principes des mathématiques, La Philosophie des mathématiques de Kant (1905) reprint 1980.djvu/273

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[264] Ce raisonnement trouve dans les explications ultérieures de Kant une précieuse confirmation. Il reconnaît en effet lui-même, un peu plus loin, que la mathématique emploie quelques principes analytiques (quand ce ne serait que le principe d’identité : a=a), et il déclare que, « bien qu’ils soient valables d’après les seuls concepts, ils ne sont admis dans la mathématique que parce qu’ils peuvent être représentés dans l’intuition » (B. 17). Mais, inversement, de ce que des propositions sont représentées dans l’intuition (même nécessairement), elles ne sont pas pour cela synthétiques, et peuvent « être valables d’après les seuls concepts ». Au surplus, on pourrait remarquer que Kant choisit assez malencontreusement son exemple de principe analytique : « Le tout est plus grand que la partie », qu’il formule : « a+b > a ». En effet, cette proposition n’est même pas un principe ou un axiome, car elle n’est vraie que pour certaines espèces de grandeurs, et non pour toutes. C’est un simple théorème que l’on démontre dans chaque cas, moyennant la définition des signes + et > (à moins qu’on ne prenne cette formule pour définition du signe >). Par exemple, ce théorème est vrai pour les nombres finis, mais il n’est plus vrai pour les nombres cardinaux infinis. Sans doute, on ne peut reprocher à Kant d’avoir ignoré ces vérités, si élémentaires qu’elles soient aujourd’hui. Mais on se demande, néanmoins, comment il a pu, en vertu de ses propres principes, admettre qu’une telle proposition est analytique. En effet, si l’on considère le premier membre, il contient le signe d’addition, il est une somme, tout comme 7+5, et si celle-ci est fondée sur l’intuition, celle-là doit l’être aussi : si l’on ne sait pas (analytiquement) que 7 +5, c’est [