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PROMENADE DE TROIS MORTS.


fantaisie.


(POÈME INACHEVÉ)

I


le ver.

 
Le soir est triste et froid. La lune solitaire
Donne comme à regret ses rayons à la terre ;
Le vent de la forêt jette un cri déchirant ;
Le flot du Saint-Laurent semble une voix qui pleure,
Et la cloche d’airain fait vibrer d’heure en heure
Dans le ciel nuageux son glas retentissant.

C’est le premier novembre. Au fond du cimetière,
On entend chaque mort remuer dans sa bière ;
Le travail du ver semble un instant arrêté.
Ramenant leur linceul sur leur poitrine nue,
Les morts, en soupirant une plainte inconnue,
Se lèvent dans leur morne et sombre majesté.

Drapés, comme des rois, dans leurs manteaux funèbres,
Ils marchent en silence au milieu des ténèbres