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journal du siège de paris.

armes étaient destinées à la réaction. Inutile d’ajouter qu’il n’y avait pas même un pistolet de deux sous dans la maison de la rue Vaugirard. Nos hommes ont dû se retirer avec leur courte honte, si tant il y a que ces gens-là puissent avoir une honte, courte ou longue. L’Empire voyait des républicains partout ; la république ne rêve que de réaction. Est-ce que l’on va nous ramener aux beaux jours de 93 ? Allons-nous être soupçonnés d’être suspects ? — Les Prussiens sont à cinq lieues. Les uhlans ont déjà paru dans la plaine Saint-Denis. Pendant ce temps-là, savez-vous à quoi s’occupe le gouvernement provisoire ? Il nomme une commission pour changer les noms des rues de Paris. Est-ce assez byzantin ? Il faut cependant rendre justice aux hommes du 4 septembre. Ils travaillent sans relâche à l’armement de Paris et de la France. Ils ont plus fait en quatorze jours que Palikao en un mois. Cela se conçoit. Sous l’Empire, on ne voulait donner des armes qu’aux gens à bons principes, c’est-à-dire dévoués à l’Empire. Aujourd’hui, on distribue des fusils à tout le monde. Je sais bien que plus tard il nous en cuira, quand le peuple souverain de Belleville voudra mettre en pratique les théories socialistes et communistes des clubs. Il tournera contre le gouvernement actuel le chassepot qui lui avait été donné pour chasser l’envahisseur. Pour le moment, la grande question est de sauver Paris, et le pâle voyou de Belleville fera meilleure besogne sur le dos des Prussiens que le bourgeois honnête et tranquille du Marais ou de la rue Vivienne.