Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

274
journal du siège de paris.

commentent les rencontres de la journée, qui semblent avoir été favorables aux armes de la France.

Lundi soir, 19 septembre. — Le temps est toujours trop beau. Décidément les Prussiens ont toutes les chances. Il n’y a pas eu d’engagement sérieux hier ; seulement quelques escarmouches entre uhlans et francs-tireurs. Les Prussiens sont à Versailles, ils campent dans le parc. Le grand et le petit Trianon sont occupés par l’état-major. Les vandales respecteront-ils les richesses artistiques de ce palais sans rival ? Le général Ambert a été arrêté parce qu’il ne voulait pas crier : Vive la république ! Cette arrestation, faite par les gardes nationaux, n’a pas été maintenue par l’autorité. Cependant, pour obéir à la pression de la démagogie, le gouvernement a destitué le général. À compter d’aujourd’hui, le service des postes est interrompu, la ligne de l’Ouest ayant été coupée hier par les Prussiens. J’ai bien peur que ma lettre d’hier ne vous parvienne pas. L’employé du bureau de poste de la rue de Bondy est un monsieur bien informé. Il me dit que non seulement ma lettre partira, mais encore que les communications resteront ouvertes avec l’Angleterre pendant toute la durée du siège, et, le même jour, les voies ferrées sont coupées par l’ennemi. Il paraît que, sous la république comme sous le tyran, les informations officielles laissent quelquefois à désirer. Je suis allé faire un tour sur le boulevard Saint-Martin. Dans certains endroits on peut à peine passer sur le trottoir. Les mobiles, fatigués de l’exercice matinal, sont éten-