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journal du siège de paris.

lysés. On donne bien 1 fr. 50 par jour aux gardes nationaux, mais avec ce menu salaire, on ne peut manger que du pain et boire un demi-litre de vin. Pas de nouvelles de Tours.

Jeudi soir, 15 décembre. — Temps très doux ; le thermomètre marque quinze degrés au-dessus de zéro. On a entendu le canon toute la journée. Les forts tiraient sur les ouvrages que les assiégeants ont réussi à élever par les brouillards de ces derniers jours. Trois pigeons sont enfin arrivés aujourd’hui avec des dépêches pour le gouvernement. Avec quelle impatience nous attendons l’Officiel de demain matin, qui doit nous donner des nouvelles de Tours, je n’ai pas besoin de vous le dire. En attendant, les rumeurs vont leur train. Orléans aurait été repris une seconde fois par l’armée de la Loire. Voilà une ville qui doit s’amuser médiocrement de faire ainsi la navette entre les Français et les Prussiens. Rouen serait occupé par les troupes du roi Guillaume. Pour la vingtième fois, Bismark aurait été assassiné par un Polonais. Nous saurons à quoi nous en tenir demain. Les prix des aliments continuent leur progression ascendante. Il faut avoir 25,000 francs de rente pour se payer une soupe aux choux. Ce légume qui, en temps ordinaire, se vend trois sous, vaut maintenant sept francs. Les poireaux se paient six sous pièce. Si cela continue, le seul moyen de vivre à bon marché sera de se manger les uns les autres. Gare à moi qui suis encore joliment gras !

Vendredi soir, 16 décembre. — Temps très beau et