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journal du siège de paris.

Quelques lignes maintenant pour expliquer les causes militaires. 1° d’abord la jalousie entre les chefs. À Forbach, Frossard, voulant gagner son bâton de maréchal, refusait les quarante mille hommes que Bazaine lui offrait et qui lui auraient certainement fait gagner la bataille. 2° la déplorable administration de l’intendance, qui a fait plus de mal à la France que les Prussiens. Le 25 juillet, il y avait deux cent cinquante mille hommes entre Strasbourg et Metz. Si on avait attaqué le 25, au lieu d’attendre le 4 août, on avait toutes les chances de vaincre les Prussiens, qui se trouvaient seuls, les contingents bavarois, badois, wurtembergeois et saxons n’étant pas encore arrivés à cette date dans le Palatinat. Malheureusement, il a fallu attendre pendant huit jours les provisions et les munitions que l’intendance n’avait pas su faire arriver à temps. 3° infériorité des commandants en chef et des généraux de division. L’Algérie, qui, depuis 1830, a été l’école militaire de l’armée française, n’a pas produit de grands capitaines. Dans nos luttes contre les tribus insurgées du Tell et de la Kabylie, on n’a fait que des coups de main de guérillas. Ce genre de guerre produit des colonels brillants, voire même des généraux de brigade, mais rien de plus. Il est évident que la grande stratégie ne peut s’apprendre dans un pays où l’on fait plutôt la guerre de partisans que la grande guerre. Les généraux d’Afrique sont des paladins magnifiques. Ils savent mourir en héros de l’Arioste, comme Douai à Wissembourg ; mais ils ne