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SOUVENIRS

valets n’étaient pas assez nombreux ou supposés bien aguerris, se faisaient ramener par nous autres.

Le Major des gardes-françaises ne savait auquel entendre, et ne pouvait suffire à toutes les demandes qu’on lui faisait pour obtenir des sentinelles ou des escortes. Messieurs les Mousquetaires avaient commencé par déployer une activité charmante, mais on s’aperçut bientôt qu’ils faisaient beaucoup plus de bruit que de bon ouvrage ; et l’on trouva que la sûreté des marchandises ne devait pas l’emporter sur celle des jolies marchandes et sur la tranquillité des bourgeois de Paris, qui donnaient les Mousquetaires à tous les diables ! Enfin, depuis les troubles du temps de la Fronde, on n’avait pas vu dans tout Paris de perturbations et d’effroi pareils.

Mme la Princesse de Conty nous dit un jour que la Marquise de Bauffremont distribuait des laissez-passer pour exhiber aux voleurs de nuit, et qu’on était bien étonné du crédit qu’elle avait sur Cartouche[1].

  1. Hélène de Courtenay des Empereurs d’Orient. Elle était la dernière de cette maison qui descendait du Roi Louis-le-Gros et de la Reine Adelaïs de Savoie. Elle avait épousé, en 1712, Louis de Bauffremont, Marquis et Comte de Listenais, Chevalier de la Toison-d’Or, etc. Ce fut en considération de la naissance de Mme de Bauffremont que leurs enfans obtinrent l’agrément du Roi Louis XV pour accepter ou solliciter le titre de Prince du Saint-Empire, qu’ils portent aujourd’hui. Cette illustre héritière était d’une laideur et d’une pauvreté déplorables. Je vous dirai plus tard la singulière histoire de son frère, le Prince Charles-Roger, qui fut le dernier mâle de cette grande maison. La généalogie des soi-disant Courtenay d’Angleterre est un