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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

a publié des choses tellement contradictoires, que je n’en parlerai point. Il est plus facile de s’abstenir que de se contenir, disait notre ami Fontenelle.

Toujours est-il que mon Noble-à-la-Rose avait donné dans l’œil de Mme d’Urfé, qui était la plus opiniâtre des alchimistes et la plus déterminée souffleuse de son temps. J’aurai l’occasion de vous reparler d’elle à propos du Comte de Saint-Germain, de Cagliostro et d’un misérable Chevalier Casanova, dont elle était l’adepte, et par conséquent la dupe. Je vous dirai préliminairement, sur Mme la marquise d’Urfé, qu’elle était fille du Marquis de Gontaut-Biron. Je crois me souvenir qu’elle s’appelait Reine-Claude, et ceci n’importe guère. Son mari, qu’elle avait épousé très-vieux, était le dernier descendant et le riche héritier du fameux Honoré, Marquis d’Urfé, à qui nous devons la composition de cet interminable roman de l’Astrée. Il avait d’abord épousé la belle et célèbre Diane de Château-Morand, qui était la femme de son frère aîné, et du vivant de celui-ci, lequel frère avait trouvé bon de planter là sa femme pour aller se faire ecclésiastique ; ce qui faisait dire au Pape Urbain VIII, qui n’entendait parler que des marquis d’Urfé pour des sollicitations de dispenses, qu’ils auraient eu besoin, pour eux deux tout seuls, d’une chancellerie pontificale et d’un Pape tout entier. Leur grand’ mère était de la maison de Savoie, et ils avaient ajouté le nom impérial de Lascaris à celui de leur maison ; je n’ai jamais pu savoir en l’honneur de quel saint.

Mme d’Urfé, qui était notre parente, avait monté