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SOUVENIRS

la tête à la Comtesse de Breteuil à l’effet d’obtenir de moi l’échange de ma pièce d’or philosophique contre un reliquaire admirablement garni de pierreries, ce qui se voyait parfaitement bien ; mais il était rempli, disait-elle, d’une précieuse collection des plus saintes reliques et des plus authentiques, ce dont je m’obstinais toujours à vouloir douter. Comme il était question de fondre ma pièce au creuset pour en induire la réalité du grand-œuvre, je finis par me trouver en but à une persécution générale ; il n’y avait pas jusqu’à ma grand’mère qui ne voulût savoir à quoi s’en tenir sur la pierre philosophale. Je m’en fatiguai ; je lâchai prise, et voici le résultat de notre expérience, où vint présider M. van Nyvelt, le physicien.

En décomposant mon Noble-à-la-Rose, on y reconnut seulement une vingtième partie d’or, un quart de mercure, un scrupule de fer, un autre quart de cuivre, un huitième d’étain ; et, pour le surplus, un mélange de sels à base neutre, nous dit van Nyvell, lesquels se cristallisèrent en prismes pentagones, à la grande satisfaction de la Marquise d’Urfé. — C’est une femme perdue, nous dit ma tante la Baronne ; elle en a la tête à l’envers, et tout son bien s’en ira par le soufflet. Voilà ce qui n’a pas manqué d’arriver, grâce à la munificence du Chevalier de Saint-Georges, et surtout grâce à l’avidité du Chevalier Casanova.

Milord Maréchal nous dit alors que les Stuarts avaient emporté non-seulement toute leur collection de Nobles-à-la-Rose, qui remplissait une cassette aussi volumineuse à peu près qu’une serinette qui