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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

baldaquin et je m’enfuis de son pavillon dans la frayeur d’y voir arriver le vieux Mathurin, qui n’aurait pas manqué de sonner toutes ses clochettes et qui m’aurait fait conduire au lazaret. N’en parlez pas au Cardinal-Patriarche, qui me ferait mettre en quarantaine.

Je ne vous ai rien dit encore de Messire Pierre-Paul de Guérin de Tencin, Prieur et Docteur de Sorbonne, lequel était alors Abbé commandataire de Vezelay, ce qui lui valut un procès suscité par les jansénistes et gagné par miracle, car tous ces ennemis de nos PP. étaient acharnés à sa condamnation, dont ils se faisaient une affaire de vengeance contre les molinistes. L’Abbé de Tencin, qu’on avait accusé de simonie, n’eut aucune peine à prouver son innocence. C’était lui qui avait reçu l’abjuration du fameux John Law qui venait de se réfugier à Venise, où, du reste, il a persévéré dans les sentimens les plus catholiques jusqu’à la fin de sa vie, en 1729. Le Cardinal de Rohan-Soubise avait élu M. de Tencin pour son premier Conclaviste ; ce fut lui qui resta Ministre de France à Rome après le départ de son Éminence, et ce fut N. S. P. le Pape qui voulut le sacrer lui-même, à titre d’Archevêque d’Embrun. Il est devenu Cardinal du titre de Saint-Georges-au-Voile-d’Or, Archevêque de Lyon et Ministre d’état du Roi Louis XV ; il a courageusement et continuellement lutté contre le jansénisme et le philosophisme ; aussi vous puis-je assurer que les jansénistes, les calvinistes et autres sophistes, ont débité contre lui plus d’atrocités diffamatoires et publié sur le frère et la