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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

monde. Il naquit à Versailles, le 4 août 1705, de Philippe Duc d’Orléans, depuis Régent, et de Marie-Françoise de Bourbon. Il fit paraître dès son enfance une si forte inclination pour la vertu et pour la science, que ses gouverneurs et précepteurs furent obligés de modérer l’ardeur de son zèle et d’interrompre ses travaux, à cause de la faiblesse de son tempérament et des fréquentes maladies auxquelles il était sujet. Il parut à la cour lorsque son illustre père devint Régent du Royaume. Après la mort de ce grand Prince, il épousa, en 1724, la Princesse Augustine Marie de Bade, et cet auguste mariage forma entre ces deux époux l’union la plus tendre. Dieu fit bientôt voir qu’il bénissait cette alliance en donnant à la France, en 1725, un Prince qui la console de la perte de ceux qui lui ont donné le jour. La Princesse de Bade, Duchesse d’Orléans, mourut l’année suivante, et sembla n’avoir été montrée à la cour, dont elle était le plus bel ornement, que pour lui laisser des regrets éternels. Une mort si prématurée, jointe à celle de Msr le Régent, son père, et à celle de la Duchesse de Berry, son auguste sœur, fit faire à Mgr le Duc d’Orléans de sérieuses réflexions sur le néant des grandeurs humaines, et il se proposa pour lors un nouveau règlement de vie dont il ne se relâcha jamais. Il prit en 1729, à l’abbaye royale de Sainte-Geneviève, un appartement, si l’on peut décorer de ce nom un logement reculé, gênant, étroit et très incommode ; mais il était placé entre les deux églises de Sainte-Gene-