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SOUVENIRS

viève et de Saint-Étienne, sur lesquelles il avait des tribunes ; il tenait à la maison de Dieu, et c’était assez qu’il en fût en quelque sorte une portion pour que Mgr le Duc d’Orléans le préférât aux plus beaux palais. Il avait commencé par y faire des retraites aux fêtes solennelles, mais ensuite il y fixa tout-à-fait sa demeure, et depuis sa conversion (c’est ainsi qu’il appelait son changement de vie) il y pratiqua les austérités les plus mortifiantes. Il couchait sur une simple paillasse et souvent sans draps. Il se levait à quatre heures du matin, se privait de feu durant les hivers les plus rudes et ne buvait que de l’eau ; privations qu’il disait lui coûter beaucoup, surtout celle du vin. Négligé, vêtu comme un homme du commun, ses meubles et sa table étaient de la pauvreté la plus édifiante. Il était en tout un modèle de la pénitence chrétienne. Depuis longues années il récitait exactement le bréviaire de Paris, passait huit heures à l’église les jours de fête et dimanche, ce qu’il continua dans sa dernière maladie, et recevait fréquemment le sacrement de nos autels, qu’il accompagnait souvent chez les malades du quartier de la Montagne, dont il ne sortait plus. Que Dieu pardonne aux instigateurs de certaines contrariétés dont ce religieux Prince avait été l’objet ! On l’a vu, dans la quinzaine de Pâques, monter plusieurs fois, quoique incommodé et quasi perclus de ses rhumatismes, jusqu’à des cinquièmes et sixièmes étages à la suite des sœurs de la Charité. Animé d’un esprit d’adoration, de gémissement et de