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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

trente millions sept cent mille habitans régnicoles (au lieu de 24 millions) ; ce qui faisait voir assez clairement que M. Necker avait altéré la vérité, sciemment, et à dessein de faire croire que chaque tête de sujet français payait au Roi vingt-quatre francs d’impôt, tandis qu’on n’en payait en réalité que dix-sept. C’était donc pour en arriver à cette misérable combinaison d’un homme de comptoir, que M. Necker avait fait un faux rapport à Louis XVI, en y réduisant la population du royaume à vingt-quatre millions d’individus.

Un des principaux méfaits politiques de Mme de Staël, est d’avoir été l’agent et le mobile de la première effusion du sang humain qui ait eu lieu pendant la révolution française. M. Foulon d’Escottiers avait adressé au Roi nu mémoire dont il était l’auteur, et dans lequel il conseillait et proposait à S. M. de faire arrêter les principaux députés révolutionnaires. Ce malheureux Comte Louis de Narbonne en eut connaissance, et commit l’indiscrétion de le confier à Mme de Staël, qui eut l’indignité de le faire dire à Mirabeau. Le meurtre de M. Foulon fut résolu, ainsi que celui de M. Bertier de Sauvigny, son gendre. Mme de Staël aura beau se retrancher dans son intention patriotique, on aura toujours à lui reprocher d’avoir été la cause de ces deux assassinats.

On a dit de cette fille de M. Necker, qu’elle avait plus d’esprit qu’une femme ne peut en conduire, mais je ne sache pas que les frégates soient en péril de sombrer plutôt que les gros vaisseaux, par un gros temps. La bonne conduite et le salut du navire ne