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SOUVENIRS

ler comme d’un parangon social et d’une merveille de civilisation cosmopolite. — Qu’il a d’esprit ! le voilà qui vient de dire la chose la plus délicieuse, à propos de M. Goesman ! il a dit qu’il est plus facile à un âne de nier, qu’à un philosophe de prouver !!! — Plus negaret asinus quam probaret philosophus, répondis-je à Mme de Coigny. — Voici tantôt mille ans qu’on a dit cela pour la première fois ; vous n’en avez pas eu l’étrenne.

Le clergé français ne s’était pourtant pas endormi dans un lâche silence. Le corps épiscopal n’avait cessé de combattre, et il n’a reculé devant aucun effort du zèle, aucun labeur de la charité. D’abord, les évêques s’adressèrent collectivement au Roi très-chrétien ; ensuite ils parlèrent aux peuples confiés à leur sollicitude, aux ignorans séduits par ces philosophistes ennemis de Dieu, ennemis du Roi ; et sur tous les points du royaume, on entendit éclater cette grande voix de l’Église gallicane. Je vous prie, mon Enfant, de vous procurer les lettres pastorales des Archevêques de Lyon, de Paris et de Cambray ; vous conviendrez avec moi que ce sont des chefs-d’œuvre de raison, de pathétique et de véritable éloquence.

Écoutez ce fragment d’un sermon qui s’adresse à ces prétendus philosophes, et qui fut prêché par l’Abbé de Boismont dans la chapelle royale du Refuge, en 1782. Vous allez voir si M. Dalembert et Mme Necker ont eu raison de reprocher à ce Vicaire-Général du diocèse de Paris son défaut de logique et son manque de modération charitable.