Page:Créquy - Souvenirs, tome 5.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
SOUVENIRS

amours, et comment leur mariage secret avait été béni par un chapelain du Palais-Royal… Vous sentez combien les confidences d’un jeune amoureux furent prolixes ; les détails en seraient interminables, et je n’ai pas besoin de vous les répéter, car cette partie du récit de M. de Lamballe avait justement la même physionomie que ce qui se trouve dans tous les romans.

Il avait donc épousé cette paysanne à l’insu de M. le Duc de Penthièvre, ce qui va sans dire, et moyennant l’assistance du Duc d’Orléans, qui n’avait pas manqué de calculer que les enfans provenus d’un mariage secret ne pourraient jamais être considérés comme apanagistes et comme héritiers de l’immense fortune de M. de Lamballe dont il devait épouser la sœur, laquelle Duchesse d’Orléans deviendrait nécessairement l’unique héritière de M. de Penthièvre en conséquence d’un pareil mariage. Sordide et crapuleux personnage ! Vous verrez bientôt jusqu’où pouvait aller sa bassesse et sa corruption dans la cupidité !

— Regardez le portrait de Geneviève, et dites-moi comment vous la trouvez ?…

— Je ne répondrai pas à cela, Monseigneur ; je ne saurais vous approuver et je trouve inutile de vous adresser des paroles de blâme. Vous savez qu’on doit compter sur ma discrétion dans tous les cas, et surtout quand on a ma parole ; mais votre père ! ayez pitié de la douleur d’un père ! la douleur d’un prince !… et si le Duc d’Orléans vous, allait trahir ?… et si le Roi, le chef de votre maison, allait faire sévir contre cette pauvre