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SOUVENIRS

Créquy, avec la Princesse de Rohan-Rochefort, avec une autre personne qui n’es pas moins honnête et moins respectable que nous, et quant à celle qui vous parle, j’aurai l’honneur de vous dire que je suis Mme d’Esparbès, toute prête à vous servir si l’occasion s’en trouvait ? Ayez donc la bonté de ne pas jurer comme vous faites, et de ne pas blasphémer le saint nom de Dieu, ce qui nous mécontente et ce qui ne peut vous être utile à rien du tout.

— Ah bien, par exemple ; et plus souvent que vous me feriez taire ! lui répondit-on colériquement : soyez tranquille, allez ! je vous vaux bien et c’est pour le moins encore !…

— Mais je ne vous dis pas le contraire, poursuivit Mme d’Esparbès, et votre apparence est très-favorable à votre prétention ; c’est à cause de cela que nous vous prions de ne pas blasphémer si haut.

— Apprenez que je suis la Duchesse de Bouillon !

— Comment donc ? s’écria Mme de Rochefort, vous dites que vous êtes la Duchesse de Bouillon, la Landgrave de Hesse et la femme de mon neveu ? on n’a pas d’exemple d’une invention pareille à celle-ci !…

C’était, en définitive, une petite demoiselle qu’on avait fait épouser, municipaliter, au dernier duc de Bouillon qui était imbécille, et à qui son homme d’affaires, appelé M. Roy, avait persuadé qu’il devait divorcer pour conserver ses biens. On dit aujourd’hui que tous les domaines de ce pauvre Prince ont fini par tomber dans les griffes de ce procureur.