Page:Créquy - Souvenirs, tome 7.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

révolus, et que j’en aurai soixante-six au mois de février prochain.

Le Marquis de Cubières, Écuyer du Roi, est un honnête homme d’esprit, ainsi qu’il appert des Actes des Apôtres où il a fait beaucoup d’articles. Son frère, le Chevalier de Cubières, Écuyer de Mme la Comtesse d’Artois, a toujours eu la manie de rimer en dépit de Minerve, et je me souviens de ce qu’en l’année 1790, il avait eu la bonté de me dédier et de m’envoyer une Héroïde qu’il avait composée pour moi, et que j’ai toujours fait semblant de n’avoir jamais reçue ; je me rappelle aussi qu’il voulait intenter un procès à mon suisse, à raison de ce qu’il aurait perdu ce beau paquet qu’il m’avait adressé de Versailles, et franc de port, ajoutait-il, sous le cachet de Mme la Comtesse d’Artois ! voilà qui méritait les galères, à son avis mais la rigueur et l’exigence de son humeur aristocratique ne t’ont pas empêché d’entrer en 92 au conseil de la Commune, où, du reste, il a servi beaucoup d’honnêtes gens du mieux qu’il a pu. C’est un pauvre homme absolument dénué de courage, et que la peur de la guillotine avait terrifié. Pour imiter tout doucement les Brutus et les Scévola des sections de Paris, il avait cru faire merveille en accolant à son nom celui de feu M. Dorat ; voyez la belle recommandation auprès des Montagnards ?

— Mais, Monsieur, lui disait bonnement Mme de Beauharnois, comment se fait-il que vous puissiez composer, prendre la peine d’écrire et faire imprimer, corriger en épreuve et avoir le courage de publier des vers pareils à ceux-ci.