Page:Créquy - Souvenirs, tome 7.djvu/36

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du Palais de Justice ; — Qu’est-ce que vous venez faire ici ? Soyez donc prudente et tâchez de ne pas vous faire remarquer. On a fait imprimer en Angleterre un affreux libelle contre la famille royale, et sous le nom de cette femme, mais on a su qu’il avait été composé par un écrivain gagiste du Palais-Royal, appelé Louvet de Couvray[1].

À propos de l’île de Corse, je vous dirai qu’on avait parlé d’une famille qui prétendait avoir le droit de faire revivre le nom de Comnène. On commença par dire que cette fumée d’ambition pouvait être soufflée par M. Gravier de Vergennes, attendu qu’une demoiselle phanariote, qu’il avait épousée pendant son ambassade à Constantinople, avait, je ne sais comment, des rapports d’alliance ou de parenté avec cette famille corse dont il est question.

Suivant ces nouveaux Comnène, ils auraient été les descendans du dernier Despote de Trébisonde ; ils auraient été s’établir pendant plusieurs générations avec les Maniotes, autrement dit les brigands de Mania, qui sont les plus infâmes coupe-jarrets du Péloponèse. Chérin n’augurait pas bien de leurs preuves, attendu que de Maniotes, ils étaient devenus Corses et que du reste il résultait visiblement du petit nombre de papiers qu’ils produisaient, qu’ils n’avaient jamais porté d’autre nom patronymique que celui de Stephanopoulo, ce que Chérin traduisait tout simplement par fils d’Étienne.

  1. Jean-Baptiste Louvet auteur du roman de Faublas, et membre de la Convention né en 1761, mort à Paris en 1798.