Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/114

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hérissaient les mille poignards de la jalousie, embuait une mélancolie de bord de fleuve, aussi douce que soie bleu sombre légèrement éraillée, illuminaient des couleurs plus orgueilleuses que celles des joujoux japonais en papier, et, toujours, pénétrait un parfum de rues pauvres, pluie, vin rouge, graisse de frites et poudre de riz à la violette.

De la fenêtre suisse, de l’embrasure d’aujourd’hui, alors le passé ressuscite et, issue de l’herbe des prés, la nerveuse et faubourienne théorie des gitanes qui ont toujours vendu, et vendront toujours, le mimosa, dans les villes, à l’orée des métros. Parées du plus insolent sourire, ces filles qui choisissent pour leurs éventaires citadins les moins fragiles des feuillaisons, maintenant cueillent les trop mauves colchiques des fins d’été.

Tourne, tourne le disque des Turcs.

Bohémiennes, sirènes des rues, vous deviendrez folles dans ces pâturages, et de vos yeux déjà l’un s’est fait pavot si charbon l’autre demeure.

Tourne, tourne le disque.