Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/195

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à Micky, sexagénaire adipeux, obèse petit-bourgeois, ruiné par les chauffeurs de taxi qui le battaient, obstinément verdâtre sous la peinture sanglante des lèvres, le charbon qui lui couvre paupières, cils et sourcils, la brique pilée dont sont fardées ses joues et le grumeleux amidon, en plâtras sur le front, le menton, la nuque, le cou, les bras jaillis de la robe sans manches et décolletée en carré, copie de celle que portait l’impératrice Joséphine le jour de son sacre. Pour achever l’ensemble empire, perruque amadou avec diadème en papier d’argent, tortillé parmi les boucles, les frisettes et les guiches, pendants d’oreilles, colliers et sautoirs faits des capsules qui bouchent les bouteilles d’eau minérale, espadrilles en guise de cothurnes, bordure de coton hydrophile cirgulée d’encre, façon hermine, le long d’une loque de panne rouge, qui figure la pourpre d’un manteau de cour porté par les garçons de l’établissement.

Micky et sa suite traversent la salle.

L’orchestre accompagne les saluts de l’impériale caricature. Elle s’arrête, on la débarrasse