Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
ÊTES-VOUS FOUS ?

imaginions de grandes chasses à l’isard dans le Tyrol, quand la guerre serait finie. Je m’étais même déjà commandé une petite culotte courte en peau. Pour me récompenser de toutes mes gentillesses, il me racontait les secrets des Habsbourg et de l’Empire. J’en ai entendu, allez. De quoi écrire des livres et des livres. Lui, quand il m’avait ouvert tout grand son vieux cœur, il s’endormait, un sourire de bienheureux aux lèvres. Je l’aimais au fond, ce cher Franfranz. Mais vous pensez que je n’allais point perdre mon temps à m’attendrir. Tout ce qu’il me dégoisait valait son pesant d’or, et, à peine avait-il fermé l’œil, je rentrais à la maison, où mon chéri et moi, nous nous occupions de nos rapports. Hélas, le chéri reçut de Londres l’ordre de partir pour les Indes. Moi, je devais demeurer en Autriche.

Mauvais moment à passer. Franfranz se répétait. Il avait des idées fixes. Il baissait. Il mourut. Je pris le deuil. Rien à tirer du successeur qui aimait sa légitime et n’arrêtait pas de lui faire des enfants. Ma Myrto-Myrta vend aux Viennois les plans stratégiques de Clermont-Ferrand