GROUPEMENT DES CHANTS EPIQUES 95
ripaux, on connaissait le caractère des personnages, leur rôle, leurs grandes actions. Par suite, lorsqu'un aède, en racontant un épisode dramatique, avait réussi à exciter particulièrement l'intérêt ou l'admi- ration en faveur de tel ou tel héros, l'esprit de ses auditeurs allait de lui-même à d'autres épisodes ronnus où le mémo héros figurait, et le désir du public invitait le poète à les traiter également. Plus le poète avait eu de succès d'abord avec ses person- nages, moins il pouvait ensuite les abandonner. Lui- même s'attachait à eux en raison du talent qu'il avait mis à les faire agir et parler. Une sorte d'affinité s'établissait entre eux et lui : il les aimait comme les créations de son esprit, et il revenait de préfé- rence aux scènes où il était question d'eux comme à celles où il se sentait le plus en possession de son génie. Il en résultait qu'un même aède était conduit à traiter par exemple toute une série de scènes rela- tives à Achille ou à Diomède ou à Ulysse, en se con- formant à certaines données générales qu'il avait en partie reçues de la tradition, en partie déterminées lui-même. l'U tel groupement ne constituait pas des épopées à proprement parler; c'était quelque chose (Tintermédiaire entre les chants entièrement isolés cl les longs développements continus.
Le viii® livre de VOdyssée nous met sous les yeux les faits que nous signalons ici; et à ce titre, il doit être considéré comme le plus important document relatif à l'histoire de la poésie épique en Grèce.
l'ivsse inconnu est accueilli chez Alkinoos, roi (les Phéaciens. Vn banquet a lieu le lendemain de .son arrivée, dans la matinée. Un vieil aède aveugle, Démodocos, y vient prendre place. On l'invite à chanter; il se lève, et la Muse lui suggère de re- Iracei* une querelle qui etil lieu enti-e Achille et
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