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136 CHAPITRE II. — ANALYSE DE L'ILIADE

Achéens sont rentrés dans leur camp; les Troyens campent dans la plaine entre le Xanthe et les vais- seaux. Evidemment un récit ainsi composé n'est pas l'œuvre du poète primitif. Et ce qui achève la dé- monstration, c'est que des passages nombreux y dénotent l'imitation des chants suivants et en parti- culier du livre XI *. Le huitième livre a été fait pour rendre possible l'introduction du neuvième dans le poème : la démarche suppliante que feront les Achéens auprès d'Achille dans ce livre IX n'était concevable qu'après une grande défaite ; c'est le ta- bleau de cette défaite que l'auteur du livre VIII s'est proposé de tracer, et il a réalisé son dessein en poète, mais sans liberté et sans essor, avec la préoc- cupation visible d'un raccord à opérer.

La nuit a séparé les combattants. Agamemnon ras- semble les chefs et propose de lever le siège. Cette proposition, déjà faite antérieurement, est répétée ici dans les mômes termes ; mais au livre II, ce n'était qu'une feinte , tandis qu'à présent elle ex- prime la pensée réelle du roi. Un pareil abus dans l'imitation suffit à révéler un raccord. Le véritable sujet du neuvième livre n'est abordé qu'au moment où s'assemble la réunion intime dans laquelle on décide d'envoyer une ambassade à Achille pour le fléchir (v. 89). Cette ambassade est composée dT- lysse et d'Ajax, auxquels s'adjoint dans le poème actuel le vieux Phénix. Accueillis courtoisement par Achille, ils essayent de Tapaiser, et cette tentative donne lieu à un échange de discours qui ont été justement admirés dans l'antiquité et de nos jours. Seul, le long développement narratif de Phénix tran-

1. Kayscr. //omeriscfic Abhandlu/tgcu, Lcipzij^, 1881, p. 57 et suiv.

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