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170 CHAPITRE III. — FORMATION DE L'ILIADE

que nous pouvons en juger, n'impliquait en aucune façon qu'on ne crut pas à leur unité primitive. Les grands critiques Alexandrins, Arislarque en parti- culier, pensaient que des éléments étrangers s'étaient môles diversement à la poésie authentique d'Homère. Par là même, ils attestaient leur croyance en un poète de ce nom, auteur de VIliade ainsi que de V Odyssée; et le soin qu'ils prenaient d'effacer ou d'expliquer les contradictions ou les divergences entre les parties de son œuvre supposée témoigne que, dans leur pensée, cette œuvre était une com- position continue et complète, dont l'unité première ne leur paraissait pas douteuse.

Cette manière de voir peut donc être considérée d'une façon générale comme celle de l'antiquité. Elle a passé des anciens aux modernes par tradition; et ceux-ci l'ont reçue d'autant plus aisément qu'elle répondait à l'aspect extérieur des poèmes aussi bien qu'à leurs propres habitudes littéraires. Composer un ouvrage, fiit-ce un poème épique, d'après un plan arrêté d'avance, devait sembler chose toute naturelle dans un temps où personne n'aurait songé à procéder autrement. En outre jusqu'à la fin du xviii° siècle, la plupart des scolies anciennes étant ignorées, on ne se faisait pas une idée exacte des difficultés aperçues par les anciens eux-mêmes et de l'incertitude de leur tradition relativement à ces poèmes.

On a vu dans le chapitre précédent combien cette croyance dogmatique et traditionnelle à l'unité pri- mitive de VIliade est inconciliable avec l'étude atten-

��^^zozif>T^^ t6 7:p\v acî5o;x£vov. Cic, de Orat., III, 34: Ilomeri libros coiifusos anlca. Elicii, ///s^ l'rtr., XIII, 14 : Ta 'OjxTioou Ïtzt^ 7:poTcpov

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