Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/282

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

232 CHAPITRE IV. - L'ART DANS L'ILIADE

« Chrysès priait, et Phœbus Apollon Tentendit. A grands pas, du haut de TOlympe, il descendit, le cœur courroucé, portant sur ses épaules son arc et son large carquois. Et dans les mouvements de sa colère, ses flèches s'agitaient bruyam- ment au rythme bondissant de son pas ; et il venait vers le camp, semblable à la nuit. Il s'assit à distance des vais- seaux, puis il lança un trait; et Tare d'argent fît entendre un eiîroyable sifflement * . »

C'est là, disons-le, la véritable manière homé- rique. Dans les parties plus récentes, nous trouvons des descriptions plus développées, plus brillantes, qui ont été peut-être admirées davantage et qui sont en effet admirables, mais non pas supérieures, ni même égales. Tel est par exemple le célèbre morceau, cité par Longin, où est représenté le voyage de Poséidon à travers les mers, au début du treizième livre :

Le dieu attela au timon du char ses deux chevaux aux pieds d'airain, au vol rapide, à la crinière d'or ondoyante ; lui- même se revêtit d'une armure d'or ; il prit dans ses mains les rênes formées d'une bande d'or assoupli, monta sur son char, et s'élança sur les vagues. Les monstres marins bondissaient autour de lui, sortant en foule do leurs obscures retraites, et ils reconnaissaient bien le roi de la mer. Frémissantes de joie, les vagues s'écartaient; et les chevaux volaient avec un élan merveilleux; et, sous le char, l'essieu d'airain n'était pas même mouillé*. »

Si belle que soit celle peinture, elle se dislingue de la précédente à deux signes : d'abord elle est moins liée au récit, moins utile à l'action ; l'autre était un acte essentiel du drame, celle-ci n'est qu'un magnifique décor; ensuite Tari y est plus apparent.

��L Iliade, I, 43-49. 2. Iliade^ XIII, 23-30.

��� �