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LES DIEUX 255

la plus grande force morale et physique qu'il y ail dans l'univers, elle est nième capable de dompter à elle seule toutes les résistances coalisées, et elle mène de haut les événements avec une puissance irrésistible qui ne contribue pas médiocrement à la grandeur du récit.

C'est donc h la fois par ce qu'ils tiennent de la nature et par ce qu'ils doivent à une philosophie en- core élémentaire que les dieux de VIliade s'imposent si fortement à l'imagination. Mais outre cela, ils entrent profondément dans l'action par les passions tout humaines qui les animent. Si plusieurs d'entre eux sont déjà à quelques égards les dieux de toute riiumanité, ce caractère d'universalité n'apparaît en- core que bien faiblement chez la plupart et n'en- traine nullement comme conséquence l'impartialité. En général la poésie homérique, dans VIliade^ les conçoit comme ils avaient dû être conçus antérieu- rement par les auteurs des chants épiques dont elle procède. Ce sont des dieux nationaux tout dévoués au peuple auquel ils appartiennent. Apollon est le dieu d'Ilios, parce qu'en fait il avait régné sur la vieille cité dardanienne avant que son culte ne s'établit en Grèce ; Héré est la déesse d'Argos ; Athéné, celle de l'hellénisme tout entier sous sa forme achéenne. Il est vrai que les ennemis de leur peuple les prient aussi ; mais ils ont à lutter alors contre une défa- veur instinctive de leur part. Les divinités ont un patriotisme dans la poésie homérique , un patrio- tisme qui ne tient pas à une convention arbitraire, mais qui est reconnu par la croyance commune et attesté par d'antiques traditions : c'est une des choses qui contribuent le plus à en faire d'excellents per- sonnages d'épopée.

Outre ces préférences générales, il en est d'ailleurs

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