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260 CHAPITRE IV. — L'ART DANS L'ILIADE

La langue homérique offre, dans V Iliade, un mé- lange bien digne d'attention. On y trouve en effet, non seulement des mots en grand nombre qui ont disparu plus tard de l'usage, mais des procédés de déclinaison et de conjugaison qui lui sont propres, et des formes qui appartiennent à des dialectes divers.

Toute l'antiquité a cru que la poésie homérique , contemporaine de plusieurs dialectes coexistants, avait emprunté de côté et d'autre ce qu'elle croyait bon de s'approprier. De là était résultée, pensait- on, une sorte de langue composite, dont le fond était le dialecte ionien de ce temps, m<iis qui admettait aussi un assez grand nombre de formes éoliennes et même doriennes. « Il ne suffit pas à Homère, dit « Dion Ghrysostôme, de mêler ensemble les diverses « façons de parler des Hellènes, et de s'exprimer « tantôt en éolien, tantôt en dorien, tantôt en ionien; « il faut encore qu'il parle olympien (î'.a(jTt îtaXéYS- M (jOat)*. » On peut voir chez les grammairiens et commentateurs anciens un certain nombre de formes homériques qui sont signalées par eux comme éo- liennes ou comme doriennes, et dont ils semblent attribuer de même l'origine à un choix plus ou moins arbitraire du poète.

Toutefois une observation plus éclairée et plus méthodique a permis de reconnaître qu'il n'y a point dans la langue de Ylliade de formes doriennes. Celles qu'on qualifiait ainsi ont été ou corrigées ou désignées autrement. Tout se réduit en réalité à un mélange d'ionisme et d'éolisme*.

1. Orationes, XI, 23. Cf. Plularque, de Vita et poesi Homeri, B.

ch. 8: A^Ç£t 8à ttoix^Xt) xE/prjix^vo;, TOÙ; a7c6 Tziari; SiaX^xTOu tûv'EXXtjvi- 8(i>v y apaxiTJpa; ipcaiE^ii^Ev. '££ cuv 8^Xd; Èori ;iaaav y^v 'EXXi8a mX- Ocov xal ;;av eOvo;.

2. Christ, Iliadis carmina, Prolégomènes, p. 127.

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